A l’occasion de la Saint-Valentin, découvrez la rencontre de Lois, ancienne résidente de la Fondation des Etats-Unis, et Jean, ancien résident de la Maison du Japon sur le campus de la Cité Internationale.
“Tout commence en 1966, chambre numéro 20 à la Fondation des Etats-Unis. Au temps où les téléphones portables et les applications de messagerie n’existaient pas encore, avoir une chambre au rez-de-chaussée donnant face au jardin s’est avéré particulièrement pratique pour Lois, une jeune femme provenant de Pittsburg et récemment arrivée sur Paris grâce à une bourse Fulbright, pour communiquer avec un étudiant français du nom de Jean qui séjournait à la Maison du Japon.
Pour être tout fait honnête, tout a véritablement commencé à la cafétéria de la Maison de l’Internationale.
Jean poussait son plateau quand Lois qui était juste après lui, submergée par la quantité de plats qui s’offraient à elle, a cogné accidentellement son propre plateau contre le sien. “Tchou, tchou ! Nous sommes un train !” dit-il, toujours prêt à plaisanter en toute occasion. Elle venait d’arriver des États-Unis ce matin-là, et c’était son premier repas à Paris.
Lois n’a passé que deux semaines à la Fondation pour un programme d’orientation, avant de partir pour l’université de Caen. Les visites aux fenêtres au rez-de-chaussée ont été remplacées par des lettres et des voyages alternés à Caen et à Paris le week-end.
Quatre pays, trois continents, deux enfants et deux petits-enfants plus tard, le train roule toujours à plein régime.”
Mais l’histoire ne s’arrête pas là…
“En 1993, Karen, jeune doctorante en histoire de l’art qui vient de terminer sa maîtrise à Lille, est ravie d’arriver à la Fondation des États-Unis, bien qu’elle ignore béatement son importance dans le patrimoine familial franco-américain. Sa chambre se trouve presque exactement deux étages au-dessus de celle où sa mère avait séjourné des années auparavant. À son arrivée, Karen avait pris rendez-vous avec un gynécologue à l’Hôpital international situé en bas de la rue. En regardant son dossier, le médecin lui demande : “Mais ne vous ai-je pas déjà vue quelque part, mademoiselle ?” Devant l’expression perplexe de Karen, il lui indique l’adresse du boulevard Jourdan, indiquée sous “lieu de naissance” dans son carnet de santé, et lui fait remarquer qu’il a sûrement dû être de garde en salle d’accouchement deux décennies plus tôt. En effet, la semaine de sa naissance avait été mémorable. L’armée américaine a bombardé le Cambodge. L’armée française s’est contentée de ramasser dans les rues de Paris des monticules d’ordures que les éboueurs en grève refusaient de ramasser. Papa Jean, désormais privé de sa locomotive à plateaux de la cafétéria, était coincé dans la circulation sur le boulevard Jourdan derrière un cortège de véhicules de l’armée alors qu’il tentait de rejoindre l’hôpital à temps pour l’accouchement. La ponctualité n’a jamais été la plus grande force de Jean. Cette occasion n’a pas fait exception à la règle.
Ce même week-end d’automne 1993, un jeune Américain qui commençait un doctorat en physique théorique s’installe à l’UFE. Allon s’est rapidement impliqué dans les activités du comité des résidents, ce qui l’a amené à rentrer régulièrement en conflit avec Karen lorsqu’il retirait son précieux piano de la salle d’entraînement pour l’installer pour les événements piano-bar du samedi soir. Malgré les négociations difficiles concernant le moment où il fallait rendre le piano et sur la manière de réparer les touches du piano qui revenaient immanquablement cassées, ils se sont tout de même trouvés des points communs. Par exemple, un intérêt commun pour la langue allemande les a motivés à organiser ensemble une table germanophone au Resto U.
Les recherches doctorales de Karen l’ont amenée à Florence pendant une grande partie du temps où Allon était à la Fondation, et ils ne se sont pas beaucoup vus. Mais ils ont reconsidéré cette situation lorsque Allon a terminé son doctorat en 1997 et a commencé à travailler au Laboratoire national de Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Karen a donc décidé que le sud-ouest américain était bien sûr l’endroit idéal pour terminer une thèse sur l’art italien de la Renaissance. Et lorsqu’elle a terminé son doctorat et commencé à travailler dans un institut de recherche à Los Angeles, Allon a décidé que la Californie du Sud était bien sûr l’endroit optimal pour lui.
Karen et Allon se sont mariés en 2000, dans le sud de la France, où vivait la grand-mère de Karen. Et, oui, sur la photo ci-dessous, vous pouvez demander à la vue de la porte : “ne vous ai-je pas déjà vu quelque part ?”
Les propres enfants de Karen et Allon sont maintenant au collège et au lycée. Un jour, pas trop lointain, ces Franco-Américains de Californie pourraient se retrouver à Paris dans le besoin d’un logement étudiant. Et si cela se produit… il y aura sans doute des attentes familiales. Mais aucune pression, bien sûr.”