Qu’est-ce qu’un aléa de chantier, pourquoi est-il inévitable et comment peut-on s’y préparer ?
Un chantier de rénovation a lieu dans un bâtiment existant. La première phase d’un projet est la définition du programme. On détermine ce que l’on va réaliser en fonction des besoins qui ont été identifiés. Par exemple, construire des salles de bain là où le bâtiment historique n’en avait pas. Vient ensuite la phase d’études. Architectes et ingénieurs se penchent sur les plans de l’existant pour déterminer les travaux nécessaires à réaliser en tenant compte des contraintes du bâtiment. Des géomètres procèdent à des relevés exhaustifs pour constituer des bases de plans fiables, des techniciens viennent sonder la structure (murs et sols) pour en déterminer la composition (présence de plomb, d’amiante…) et identifier les points porteurs.
En se fondant sur cet ensemble de données, l’architecte et les ingénieurs affinent alors les plans techniques pour, dans notre exemple de création de salle de bain, déterminer les emplacements des gaines techniques de chaque chambre. Ces gaines accueillent les arrivées et les évacuations d’eau. Dans notre cas chaque salle de bain individuelle comportera aussi des toilettes impliquant un double réseau : pour les eaux « grises » issues du lavabo et de la douche et pour les eaux sales issues des toilettes.
Malgré l’attention apportée aux plans existants, aux plans complémentaires et aux relevés de structures effectués avant le lancement du chantier, ce n’est que lorsque celui-ci démarre que les derniers doutes peuvent être levés.
La première mauvaise surprise que nous avons eu sur le projet East Side Story concerne précisément ces colonnes destinées à l’arrivée et l’évacuation des eaux dans les futures chambres individuelles. Nous avions supposé que comme sur des constructions modernes, les poutrelles qui soutiennent les planchers des étages étaient superposées. Ce n’est malheureusement pas le cas et elles semblent avoir été installées sans suivre un plan unique pour l’ensemble des étages. Ainsi, faire passer des tuyaux entre les poutrelles depuis le dernier étage jusqu’au rez-de-chaussée bas en respectant les plans du projet s’est révélé impossible. Dans le vocabulaire de la construction, on dit que « ça ne plombe pas ». Autrement dit, les « trous » crées à chaque étage ne se superposent pas et on ne pourrait faire descendre un fil à plomb depuis le dernier étage jusqu’au rez-de-chaussée sans qu’il rencontre un obstacle.
Il s’agit là d’un aléa de chantier. Il n’était pas possible, malgré les sondages et relevés effectués, de prévoir cette curiosité de construction initiale.
Les ingénieurs et les entreprises, sous la supervision de l’architecte, ont travaillé à une solution de repli. Les plans ont été modifiés, impactant légèrement la configuration de l’espace intérieur des salles de bains individuelles. Plus de peur que de mal dans cet aléa, mais une incidence sur le calendrier des travaux, aujourd’hui en partie rattrapée, et sur le budget du projet, des travaux supplémentaires ayant dû être réalisés.