Le terrazzo est un revêtement très présent dans la Fondation des Etats-Unis ce qui n’est pas étonnant car son emploi était fréquent dans l’architecture Art Déco. Les années 20 et 30 ont été une période faste pour le terrazzo, notamment pour les sols et les escaliers, mais son usage remonte à l’antiquité. Son histoire est une succession d’engouements et d’oublis et aujourd’hui, à nouveau, il figure dans les cahiers de tendances des magazines de décoration.
Qu’est-ce que le terrazzo ? C’est un revêtement composé de fragments de pierres naturelles ou de marbre coloré agglomérés à du ciment. Une fois séché, le tout est poli jusqu’à lui donner un aspect lisse et parfois même brillant. La taille et la couleur des fragments de pierre ou de marbres et la possibilité de teindre dans la masse le ciment donnent une infinité de possibilité d’aspect final. C’est un revêtement très solide et très durable. Il a beaucoup été utilisé en Italie et notamment à Venise grâce à sa stabilité en milieu humide. Le sol de la salle du conseil du Palais des doges en est un bon exemple : 800 ans et toujours aussi beau !
À gauche, sol en terrazzo à Herculanum, datant d’avant l’éruption du Vésuve en l’an 79 après J.-C.
La salle du Grand Conseil du Palais des Doges et ses 1300 m2 de sol en terrazzo.
Terrazzo ou granito ? Les deux termes semblent s’employer indifféremment mais ils ne sont pas tout à fait synonymes. Ils décrivent tous deux un revêtement en ciment et de fragments de pierre ou de marbre poli, mais réalisés selon des procédés différents. Le terrazzo nécessite deux étapes de coulage distincts (une première couche comportant le ciment et les granulats les plus fins, une seconde avec les granulats les plus gros, supérieurs à 5 mm, qui devront donc être roulés et battus pour s’insérer dans la première chappe encore fraîche) ; le granito ne comporte qu’une étape : chape mince posée directement sur le support structurel sans le semi des gros grains. Dans le cas de notre Maison, il s’agit en réalité de granito !
Le terrazzo dans la Fondation des États-Unis, d’hier et de demain Le terrazzo le plus immédiatement visible se trouve dans les escaliers. En parfait état celui-ci ne nécessite aucune rénovation. En revanche, un terrazzo emblématique de la Maison à sa naissance est aujourd’hui invisible, car recouvert de nombreuses couches de peinture : c’est celui qui habillait les murs du rectangle sur 1m70 de haut.
East Side Story est un projet qui lance la maison dans une nouvelle ère, plus moderne, confortable, chaleureuse. Mais jamais au détriment de son caractère unique et de son cachet architectural. Ainsi, le terrazzo qui revêt les murs et piliers au rez-de-chaussée bas ont fait l’objet d’un traitement particulier pour les rendre à la vue de tous : décapage, dépose de la toile de verre qui les recouvrait, ponçage soigné. Il était par endroit particulièrement abimé, notamment pas des trous faits au fil du temps pour fixer toute sorte de choses. Des rebus de terrazzo, inutiles en certains endroits, ont été broyés et réappliqués mélangés à du ciment pour combler les trous. A la suite d’un dernier ponçage, un vernis mat transparent sera posé qui n’altèrera pas l’aspect du revêtement.
À droite, un pilier du rectangle en partie poncé de son ancien vernis, jauni et terni par le temps. Les teintes d’origines se révèlent !
Etudiants jouant au billard en 1930. On voit le terrazzo sur les piliers de la salle de jeu.
Photo ©CiuP/DR